La fabuleuse histoire de Djin

 

Salut. C'est DJIN. Je suis un grand Galgo. Quand je suis arrivé chez lui j'avais 9 ans. C'est là que j'ai vraiment commencé à vivre. Avant ? Bah, comme les copains, j'ai pas eu une vie facile... Alors ici c'était, c'était... Mais je vais vous raconter.

 

 

 

D'abord, pour venir, j'ai du faire un long voyage dans un camion avec d'autres Galgos. Puis j'en ai fait un autre dans une grosse voiture avec une jolie petite galga toute noire. Quand je suis arrivé chez lui, ça faisait tellement longtemps que je me retenais que j'ai commencé par faire un ENORME PIPI sur son tapis. Bah il m'a même pas grondé. Je me souviens qu'il a même dit « c'est de ma faute. J'aurais du y penser » Puis après j'ai mangé, j'ai bu, puis on est allé faire le tour du jardin pour que je refasse pipi et que j'ai une petite idée de là où j'allais vivre. Après j'ai fait le tour de la maison puis je suis allé me reposer un peu sur un gros fauteuil qui a toujours été rien qu'à moi.

 

 

 

Au début, dans sa maison, je savais pas trop ce que je pouvais faire ou pas, et puis j'avais encore en tête trop de « souvenirs »... Alors je restais planté, scotché, là, au milieu de la cuisine, la tête ailleurs... Il fallait qu'il me contourne. Parfois, quand il m'appelait, je ne réagissais pas. Je ne manifestais rien, n'avais envie de rien. Je dormais, je mangeais, je sortais pisser, je rentrais et je recommençais. Lui ?. Il était un peu tristoun' de me voir comme ça. Et puis, à force de patience et de temps, j'ai changé. Chez lui, c'est vraiment devenu CHEZ MOI ! Je me rappelle même un jour il avait préparé des petits farçis. Je me suis pointé, tranquille, comme j'étais juste à la bonne hauteur, je lui en ai piqué un dans son assiette, sous son nez. Il a râlé... Wouaf, wouaf, wouaf...

 

 

 

Au début il me sortait en laisse dans le jardin et puis j'ai eu le droit de me balader seul. Alors j'ai pu courir, un peu. Puis courir, COURIRR, COURIRRRR et puis sauter et puis faire le fou avec MOON ma copine. Une tite Galga adoptée aussi. Quand j'en avais marre de galoper j'allais boire un coup et j'allais m'allonger sur une couverture au soleil ou sur MON fauteuil, parfois sur le lit. Oui, oui. J'avais le droit. En fait, j'avais le droit de tout faire. Quand j'étais sur le lit et qu'il passait, je baissais les oreilles de peur qu'il me gronde. Mais non, au contraire. Il venait même me rejoindre pour me faire un câlin. Ce que j'aimais bien c'est quand il mettait ses chaussures. Ca voulait dire qu'on allait se balader. On partait en voiture puis on faisait une balade autour d'un lac. Moi je mettais les pattes dans l'eau. J'aimais bien ça.

 

Quand je voulais sortir et qu'il m'ouvrait pas la porte assez vite, je venais gratter sa jambe et je râlais. Je crois qu'il était content de me voir comme ça. Le dimanche, MOON et moi, on avait un gros bout de viande fraîche avec l'os... C'était bon.

 

Quand il était sur le canapé, je venais me coller à côté de lui. Je me grouillais sinon c'est Moon qui s'y collait.

 

Un jour que je faisais le zouave avec MOON et PATTY, Patty, c'est une autre Galga adoptée aussi, (lui il râlait parce qu'on sautait dans ses fleurs) je suis mal retombé et je me suis fait mal. Je suis revenu vers lui en boitant et en pleurant. Je ne pouvais plus poser ma patte arrière et elle enflait. Il m'a emmené tout de suite chez le veto. Examen, palpation, la radio n'a pas l'air de plaire au veto.... Moi je comprends pas. Lui, il fait une drôle de tête. J'entends le veto qui parle d'ostéosarcome, d'amputation, de métastases, de durée de vie, 3, 4 mois tout au plus...

 

- Faut plus qu'il se serve de sa patte !

 

Il me porte à la voiture, me câline. A la maison, sorties en laisse, il ne me laisse plus courir, me donne des médicaments. Je vois bien qu'il est triste... Mais pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Des bêtises ? J'suis puni ? Qu'est-ce qu'il y a ???? Pourquoi je peux plus courir ? Hein ???

 

 

 

Souvent je l'ai entendu parler avec Maryline, d'amputation, de scanner, de « faire ce qu'il faut pour que je souffre pas ». Mais pourquoi tout ça ? Je vais bien ! Alors quoi ???

 

Un jour, je suis allé passer un scanner. J'entends le veto lui parler d'opération urgente. Il est tout bizarre.

 

Qu'est-ce que j'ai dit ?

 

Encore quelques jours et puis il me dit que ce sera demain.

 

 

 

Ce matin là je n'ai pas eu le droit de manger. En route pour la clinique. Le veto m'a endormi, j'avais 4 pattes. Quand je me suis réveillé je n'en avais plus que 3 ! Lui il me faisait mes pansements, mes piqûres, MOON et PATTY regardaient. Elles n'ont jamais été aussi sages que pendant ces moments là... Pendant qu'il me faisait mes pansements moi je restais couché, tranquille, je jetais un œil et puis je m'allongeais. Je le laissais faire.

 

 

 

Au début, quand j'ai pu ressortir, il me surveillait. Il ne voulait pas que je fasse le fou. Et pus le veto lui a dit qu'il fallait qu'il me laisse vivre... Alors, contraint et un peu forcé, il m'a laissé faire. j'ai pu recommencer à courir, à jouer avec les filles, à galoper. Qu'est-ce qu'on en a fait des parties... Ahhhh c'était bien. Et lui, lui, bah il était content. J'étais beau, j'étais fier. Content qu'il soit content et je lui montrais. Je venais me coller contre lui, je ne le quittais pas d'une semelle. Je dormais contre lui, avec mes 32 Kg et mes 3 pattes, quand je me couchais, je m'effondrais contre lui... je le cherchais dans le jardin, Lui, il se cachait, m'appelait, quand je l'apercevais, j'arrivais au galop, j'étais fou et heureux. Comme lui !

 

Ca a duré 3 ans. Jusqu'à Noël 2015.

 

Je me souviens, c'était le 26. J'ai fait une crise d'épilepsie, puis une deuxième, puis plusieurs toute la journée. Veto, métastases, nouveau traitement, phase terminale, je mangeais moins, je tenais plus sur mes pattes, il m'aidait pour monter dans la voiture, sur le fauteuil, sur le lit. Tout le mois de janvier a été comme ça. Lui et moi on allait pas bien.

 

 

 

Je me souviens de ce dernier matin, j'avais pas envie de sortir, pas faim, j'ai voulu aller vers lui mais mes pattes ne me portaient plus. Dans mes yeux, il a vu ma souffrance, ma douleur, j'étais au bout. Il fallait que je l'abandonne. Il m'a porté dans la voiture, avec le veto, ils m'ont posé doucement sur la table une dernière fois. Le veto m'a fait une piqûre. Lui il me parlait, sans cesse, doucement, des mots, doux, tendres, des mots d'amour... Les plus beaux, les derniers.

 

 

 

Je me suis endormi avec sa voix, avec ses mots... C'était le 28 janvier 2016 vers 10 heures.

 

 

 

 

 

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